mardi 28 août 2012

Sarkozy s'était trompé de Armstrong


 Un hommage planétaire a été rendu à Neil, 1er homme à avoir marché sur la lune; alors que simultanément, Lance le cycliste était voué aux gémonies de l'Agence américaine antidopage (Usada) qui a décidé de le radier à vie.
"En mars 2010, Armstrong a offert un vélo au chef de l'Etat. Quelques mois plus tard, le président de la République a profité d'une étape du Tour pour ériger Lance Armstrong en modèle pour la jeunesse."
Une fois encore, après Georges W, Mouammar, puis Bachar, notre précédent chef de l'Etat  a eu le nez creux. "Gouverner, c'est prévoir", disait l'autre.

A vous de choisir, donc, ou il ne savait pas choisir, ou...

dimanche 19 août 2012

Révisionnisme et négationnisme : les nouveaux gaz de shift


Shift


  Après trois mois d’exercice ayant principalement consisté à déconstruire les piliers fondateurs sur lesquels reposait la chape du sarkozysme, le nouveau pouvoir  Hollandais  a tenu une partie des engagements à enterrer au plus tôt le quinquennat de son prédécesseur, l’enfouissant dans les oubliettes des souvenirs.  

Celui-ci est du coup tellement ringardisé qu’en dehors de savoir comment elle a pu se laisser gou-berner par un tel capitaine, la France se demande même, dans les limbes de la torpeur aoutienne, si, au cours d’une sieste crasse,  elle n’a pas tout bonnement rêvé le précédent épisode.

Aussi, dans ce brouillard trouble, l’état-major déchu sonne le  rappel de l’armée des zombies, en deux coups de cornes de brume aussi impromptues pour les esprits rompus au changement (maintenant c’est déjà hier, alors le sarkozysme, pensez…) que calculées pour ces oubliés.

« Oui, nous avons existé » et « Grands, nous avons été » semblent les deux messages qu’un quarteron de tristes mines, J-F.Copé, F. Fillon, B. Hortefeux et N.Sarkozy himself nous assènent depuis une quinzaine.
Mais il est à la fois paradoxal et très amusant de constater que ce rappel à la mémoire induit un appel à l’oubli, sur les sujets les moins maîtrisés par les caciques du prince et par sa majesté soi-même ! A savoir, la politique extérieure de la France (sur la Libye, La Syrie et la Géorgie) et la politique intérieure de la France (la prévention de la délinquance).

En dénonçant « l’attentisme criminel » de François Hollande sur le Syrie, les sbires estampillés UMP et la voix de son maître Jean-François Copé, viennent compléter le communiqué du petit Nicolas qui annonce avec fracas avoir contacté le Conseil national syrien (qui a dû être on s'en doute, passionné par le coup de fil). Cheveux au vent, poitrail en avant, la caution "intellectuelle", B-H-L, du feu-régime,  renchérit en rappelant  les grandes heures de Benghazi, renvoyant d’un Conseil national à l’autre, lui aussi, Bachar à Mouamar.  C.Estrosi, en psittaciste, bégaie fort, et F.Fillon, toujours au diapason,  y va de son missile : « si j’étais Hollande, je prendrais  l’avion pour Moscou ».
Mais  convoquer un bataillon de fantômes, c’est fatalement aussi attirer les mauvais esprits qui reviennent hanter les coursives des palais, les antichambres des chancelleries et les pages oubliées dans les abimes de la grande Toile. Et l’équipe des temps immémoriaux aura eu beau s’échiner à nettoyer le parquet de son facebook, récurer son site élyséen, enluminer ses oripeaux pour mieux assombrir les recoins refoulés; las, B. El Assad sera encore sur les photos des réceptions à l’Elysée, et avec les épouses, les dîners ont été plus glamours et peoplisés.

Au cruel jeu Pérecien du je me souviens, on n’oubliera pas non plus que Nicolas entérinait la vente d‘une centralenucléaire à M. Kadhafi avant de le recevoir pour sa visite d’Etat à Paris, dont les piquets des cordes de la tente grèvent encore les jardins du palais, lui qui aujourd’hui se gargarise d’avoir presque tout  seul libéré le peuple libyen. Tout le monde le sait, M Kadhafi a été un partenaire utile et prisé, un allié stratégique, économique, militaire, commercial et policier contre la navigation des esquifs de clandestins en Méditerrannée. Aussi, le Tartuffe aux 3 initiales, grand philosophe de salon télévisuel, l’ignore-t-il vraiment ?

Et pourtant que la victoire lui a permis de lustrer son poil rabougri par la critique réellement intellectuelle ! Alors qu' on se demande bien ce que le combattant libyen doit réellement à ces postures de conquérant…
On n’entend peu le preux chevalier de la liberté – pas plus que le quarteron pré-cité – sur le dossier malien, Ansar Dine, le Mujao et Aqmi ont pourtant bénéficié très directement de la politique française en Libye. Il est vrai que l’issue de la guerre à Tripoli a achevé magistralement la politique d’acharnement anti- A. Toumani Touré de N.Sarkozy, puisque par un effet cascade, elle a entraîné  sa chute. A.T.T était pourtant un authentique démocrate, militaire ayant rendu le pouvoir aux civils, et garantit la pérénité des institutions républicaines… . On ne vous entend toujours pas Mr BHL...?

C’est aussi oublier un peu vite que la Libye est devenue l’alibi majuscule, d’un gouvernement complètement dépassé par l’Histoire et sa marche, incapable de percevoir les saison du Temps,  qui continua tout seul  à croire à une  Union pour la Méditerranée, taillée à la mesure des dictateurs balayés par le printemps Arabe, M.Kadhafi en tête.
Pour éviter que l’exemple unique ne fasse que confirmer la règle globale d’iniquité, l’armada UMP sonne le rappel de l’artillerie lourde, invoquant la « 1ère grande victoire de Nicolas Sarkozy », son baptême du feu sur la scène internationale qui l’aurait propulsé au firmament des stratèges en géostratégie : la Géorgie.
A bien y regarder, la vérité est un peu différente et un peu plus subtile que la version officielle criée partout où elle pouvait être entendue : « Nicolas Sarkozy a arrêté la guerre. »

Géorgie : un rêve, des mirages et du gaz

 

En août 2008, N. Sarkozy et sa politique ultra-atlantiste (vacances avec G.W. Bush  à Wolfborrow, modèle des subprimes comme étendard  pour une France de propriétaires en bandoulière, et programmation de l’entrée de la France dans l’OTAN), peine à exister en dehors des frontières de l’hexagone : défiance d’A. Merkel qui dit regarder des films avec L. de Funès pour comprendre l’incompréhensible gesticulatoire d'outre-Rhin et une critique appuyée sur l’accordnucléaire franco-libyen; vacuité de l’Union pour la Méditerranée, échecs patents des sommets sur le Darfour et du voyage en Chine.
L’entrée en Ossétie du sud des troupes géorgiennes  le 7 août et le conflit qui s’engage avec Moscou dès le lendemain lui offrent une occasion de montrer ses muscles. De quoi est-il question alors ?
La Géorgie peine à appliquer sa souveraineté sur l’ensemble de son territoire, Abkhazie, Ossétie notamment, Moscou adorant souffler sur les braises du séparatisme. Un fort utile écobuage,  duquel l’épandage des cendres enrichira le terreau énergétique de la région. Car, la Géorgie est  le point nodal, à la croisée des chemins du transport de gaz et d’hydrocarbures.
En effet deux projets d’envergure transitent par son territoire et surtout contournent celui de la Russie. D’abord l'oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan (BTC) construit pour acheminer le pétrole de la mer Caspienne depuis la capitale azerbaïdjanaise, Bakou, jusqu'au terminal turc, Ceyhan, situé sur les rives de la Méditerranée, a été inauguré  le 25 mai 2005. Ensuite, alors encore en gestation, Nabucco, qui part du même endroit, est un projet de gazoduc reliant l'Iran et les pays de la Transcaucasie à l'Europe centrale. Soutenu par l'Union européenne,  il permettrait, dès 2017, de diversifier les sources d'approvisionnement énergétique de l'Europe (notamment de la Hongrie, dépendante du gaz russe à 80 %). 


On est donc dans un jeu à 3 grands, avec des effets d’échelle à donner le vertige :

 - En plein dans sa zone d’influence,  la Russie a toujours joué sa carte en Transcaucasie, pour garder une hégémonie politique, stratégique et économique sur les hommes, les flux (humains, commerciaux...) et les énergies, les esprits (minorités religieuses).
 - Par ailleurs, les Etats-Unis de leur côté veulent garder un pied dans la zone  (militaire d'une part, via l'OTAN avec l'appui de la Turquie - le tampon US étant persico-turc et énergétique,  avec le Kazakhstan)- qui a dit que la guerre froide était terminée ?
- Et enfin, les Européens on l'a vu, cherchent avant tout une solution pour l'énergie, en plus de contrats pour son acheminement.

La Géorgie investit donc militairement l’Ossétie du sud (territoire qui en théorie lui appartient) et Moscou dénonce l’invasion,  envoie ses chars et soulève l’Abkhazie en appui.
La simplification se nourrissant de l’inculture, elle instille l’audace à l’ignare.
N.Sarkozy, en deux coups de menton en avant, pense jouer une carte maitresse et entre dans le jeu.
Après 5 jours de conflit, est signé un plan de paix. La guerre-éclair est terminée. Pour un Figaro priapique, il a apporté la paix.
Quelques années après, honte à peine bue le même Figaro revient sur son analyse un brin partisane de l’époque "Contrairement au plan de paix international imposé aux belligérants par N.Sarkozy, Moscou maintient depuis d'importantes forces militaires".

En clair, il s’est fait berné, 3 fois.
En signant l’arrêt des combats et la défaite géorgienne il a d’abord consolidé les forces russes en présence, donc la guerre (faux retrait russe) et gravé dans le marbre les frontières russes de la Géorgie (le 28 août 2008, le parlement géorgien déclare l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud comme des « territoires sous occupation russe »).
Corrélativement ensuite, l’accord a donc hypothéqué l'objectif européen de base (approvisionnement).
Enfin, floué par V.Poutine, il a perdu son face-à-face,  et dans les grandes largeurs, puisque du coup il a montré à Washington l’étendue de son impuissance (l’entrée dans l’OTAN ne souffrira donc quasiment plus aucune critique par la suite).
Il est donc assez culotté ou savoureux (selon l’altitude de la cible qu’on choisit) que ce triple échec soit aujourd’hui pour ses partisans l’exergue à partir duquel l’observateur moyen se doit de juger la politique extérieure de la France sous Sarkozy.

Le verdict de l’Histoire est toujours implacable pour les vaincus...



Révisionnisme et négationnisme

Les cochons Brille-Babille de la ferme des animaux UMP s’échinent donc sans vergogne à modifier les jugements pour retranscrire une Histoire à la gloire de leur Napoléon, et, profitant sans doute de la communication tous azimuts de l'été, 'remakent 'Total Recall pour la réécrire, la falsifier, la réinventer, pour nous implanter une nouvelle mémoire.
 

On révise, donc.

B. Hortefeux, a franchi une étape supplémentaire cette semaine, en déclarant vendredi 17 août, sous la foi de son serment d’ancien ministre de l'Intérieur, qu' "il n'y a pas eu pendant tout le quinquennat de Nicolas Sarkozy d'émeutes urbaines". Les émeutes de Villiers le Bel en 2007, Grenoble en 2010 de la Réunion au début de l 'année 2012 comme seuls exemples, n’ont donc pas existé.

Pire, on nie donc, aussi.

Ces manipulations restent au comptoir quand il s’agit de sport, où l’on peut à sa guise refaire le match à défaut de le rejouer, mais vont bien au-delà des portes du bar quand elles sont politiques.
Las, ces tentatives nauséabondes ont fait, comme dirait l'autre, pshit.

Par la cruauté tout aussi invariable de tout effet boomerang,  la ciguë devra sans doute être bue jusqu’à sa lie: le projet Sarkozy de Maison de l’histoire de France qui avait fait craindre à de nombreux historiens de voir édicter une “histoire nationale officielle” est en péril. La ministre de la Culture, A. Filippetti, a annoncé le 11 juillet un “moratoire complet” sur la construction du dit musée.
Implacablement, l’Histoire renvoie celui qui comptait la marquer à la petitesse de ses actions. Plus que jamais,  le donneur de leçon à tout un continent à Dakar en 2007 peut mesurer comment lui-même est assez ou non entré dans celle-ci.

Grumbl.